Chic, elles marchent...

Par Marie-Anne :

Les parents qui viennent au local louer du matériel posent souvent la même question : jusqu’à quel âge peut-on mettre les enfants dans les « Maxi-Cosi » ? Ils vont rapidement se rendre compte que l’âge n’est pas l’élément essentiel. Le plus important, c’est le poids.

Les jumeaux, c’est deux fois mieux, certes, mais c’est aussi deux fois plus, et en l’occurrence deux fois plus lourd, et ce depuis l’origine.

A la naissance, je n’ai pas eu à me plaindre : Agathe et Margot ne dépassaient pas 4,500 kg à elles deux...

Facile ! Mais bien vite les choses se gâtent : en moins de 3 mois, elles ont doublé leur poids. A 7 mois, elles atteignent deux fois 6,600 kg. On rigole déjà moins. A 9 mois, le pédiatre m’annonce réjoui que les merveilles sont en pleine forme et ont dépassé 7,100 kg. Je me mets alors à considérer la coque dans laquelle je les transporte. A elle seule, chacune pèse 3 kg (eh oui !). Le calcul est vite fait : 7,100 kg + 3 = 10,100 kg à chaque bras. Pour information, un pack d’eau (6 bouteilles d’1,5 litre) pèse 9 kg.

Mes douleurs lombaires et dorsales ont commencé à peu près à cette époque. Heureusement, un ostéopathe très doué m’a refait un dos de jeune fille en deux séances. Il a parfaitement compris mon problème, mais m’a néanmoins conseillé de ménager mon dos... Facile.

C’est alors que la solution m’est apparue : Agathe et Margot devaient se mettre à marcher, et vite ! L’aîné a fait ses premiers pas à douze mois pile. J’espérais que les filles suivraient le même exemple. C’eut été trop simple ! Bien que très tonique, Agathe n’avait pas l’air de comprendre que ses jambes pouvaient servir à marcher. Quant à Margot, tout effort physique semblait au-dessus de ses forces. En rampant d’abord (comme les GI en plein désert), puis à 4 pattes, elles arpentaient toute la maison. Cela n’arrangeait pas mes affaires ! J’ai même investi dans un trotteur espérant que cela leur donnerait peut-être des idées. Erreur. Cette invention maudite a vite été reléguée dans la cave : une guerre fratricide éclatait à chaque apparition de l’engin pour savoir qui pourrait l’utiliser, puis celle qui n’avait pas la chance d’être dans le trotteur finissait généralement avec les doigts écrasés sous les roues. A peu près à la même époque, j’ai abandonné les deux coques. D’accord, je me suis allégée de 6 kg, mais sans coque la vie est loin d’être simple, surtout lorsque les deux merveilles refusent de se tenir sur leurs jambes.

Et puis le miracle s’est produit et Agathe a enfin compris l’usage de ses membres inférieurs, mais de là à s’en servir... la route est longue et douloureuse. Après les avoir portées et m’être pliée en deux pour tenir les petites minimes du cher ange et l’aider dans son apprentissage, je ne sais pas ce qui est le mieux ! Pendant ce temps-là, Margot (qui attaque à peine le 4 pattes) déprime et exprime son désarroi par de fortes colères. Heureusement encore que mes deux filles n’ont pas choisi le même instant pour se lancer, j’aurais du alors me faire greffer deux bras supplémentaires. Les efforts d’Agathe furent récompensés fin juillet 2003 et la famille émerveillée et attendrie assista à ses premiers pas sans assistance. L’affaire n’était pas gagnée pour autant, Agathe avait un sens de l’équilibre très relatif ! Il lui a fallu environ deux mois pour bien maîtriser ce nouveau mode de déplacement.

Margot, pour sa part, a tenté sa chance après la rentrée de septembre, alors que son cas semblait désespéré. Et elle a progressé très rapidement comme si, contrairement à sa sœur, elle avait attendu d’avoir l’équilibre pour se lancer.

Résultat : elles marchent aujourd’hui avec la même aisance et mon dos va beaucoup mieux.

Mais d’autres problèmes sont apparus, et pas des moindres :
leurs déplacements sont beaucoup plus rapides et le temps imparti pour fermer les portes ou protéger les accès est par conséquent réduit.
Elles accèdent à des hauteurs plus importantes et toute la décoration intérieure doit être repensée. Il faut savoir que debout on accède à l’interrupteur de la télévision, aux tiroirs (commode de leur chambre ou de la cuisine) et on peut alors les vider ( !), à la pendule et au minuteur du four (qui se met à sonner n’importe quand), au radio réveil (qu’elles ont réussi à reprogrammer !) au bouton de volume de la chaîne Hi-fi (pour le plus grand plaisir des voisins) sans oublier le téléphone...
les visites chez le pédiatre sont un peu plus compliquées car il est difficile d’en faire tenir une tranquille pendant que l’autre doit être maintenue sur la table d’examen.
Elles ont rarement envie d’aller dans la même direction au même moment, et la récupération des deux électrons libres est souvent épique, et très drôle à observer pour les autres passants.
Et bien sûr, le moment où elles refusent d’aller plus loin, et là comme par hasard elles sont synchrones !
En plus, une fois debout, on peut grimper...sur les petits tabourets... sur la table basse du salon... sur les canapés... sur les lits... !

Moralité : mon dos y a gagné, ma tranquillité beaucoup perdu, quant à ma voix... elle commence à souffrir des nombreux rappels à l’ordre exprimés chaque jour. Parce que l’avantage des jumeaux... c’est deux fois plus, et les « non », « attention », « ne touche pas à ... », « ne monte pas sur... » et autres « sors de là » sont ... permanents ! A chaque âge ses joies et ... ses problèmes en double !